Redevenu une entreprise privée, Twitter serait libéré de certaines obligations. Notamment vis-à-vis de la SEC (Securities and Exchange Commission), gendarme américain des marchés financiers.
Voilà plusieurs années qu’Elon Musk a maille à partir avec la SEC. Celle-ci l’avait poursuivi en 2018, au motif de fraude. En cause : non tweeter dans lequel l’homme d’affaires avait affirmé songer à faire quitter la cote à Tesla… en indiquant le montant qu’il était prêt à débourser. L’autorité financière y avait vu une forme de manipulation de cours.
Elon Musk avait négocié un accord. Le milliardaire accepte, d’une part, de quitter la présidence de Tesla. Et de l’autre, de se soumettre au contrôle d’un avocat de chacun de ces tweets relatifs à cette même entreprise. Voilà quelques semaines, il est revenu à la charge, saisissant la justice pour tenter de mettre un terme à cette situation. Son levier : le 1euh amendement de la constitution américaine, relatif à la liberté d’expression.
Liberté d’expression… anonyme ?
La liberté d’expression, Elon Musk en a justement fait l’un de ses chevaux de bataille pour « redresser » Twitter. Dans son optique, cela impliquera d’assouplir les mécanismes de modération. Au profit d’un renforcement des contrôles a priori. En particulier, en révisant la procédure d’attribution du « badge bleu » et en « authentifiant tous les utilisateurs humains ».
Organisation référente dans la défense des libertés civiles à l’ère numérique, l’EFF (Electronic Frontier Foundation) s’inquiète d’une telle issue. Elle appelle le huitième homme le plus suivi sur Twitter à laisser la place aux comptes anonymes ou tout du moins de pseudonymes. Et aussi, entre autres, à mettre en place le chiffrement des messages privés.
Et authentifier tous les vrais humains
– Elon Musk (@elonmusk) 21 avril 2022
J’ai abandonné mon propre article de blog sur le dernier achat de Musk pour collaborer avec mes collègues sur celui-ci. Je suis content de l’avoir fait. https://t.co/jLHVnbwd2C
– Jillian C. York (@jilliancyork) 25 avril 2022
Du côté d’Elon Musk, on semble privilégier l’intégration du fameux bouton d’édition de tweets, de longue date objet de spéculations. Sur le volet modération, l’homme n’estime pas la fortune personnelle à 260 milliards de dollars se montre moins expressif. En tout cas sur le fond des démarches.
Elon Musk ne veut plus du planche
Les choses sont plus claires concernant le conseil d’administration : Elon Musk compte le dissoudre au plus vite. Il le fait comme un poids, non représentatif des intérêts des actionnaires. Dans l’absolu, ses membres ont effectivement des participations limitées au capital. Jack Dorsey se détache, à 2,25 %. Mais il n’a pas caché sa volonté de ne pas chercher à renouveler son mandat, qui prendra fin en mai. Le principal actionnaire au planche deviendra alors Egon Durban de Silver Lake, avec 0,26 %.
c’est toujours le dysfonctionnement de l’entreprise
— jack⚡️ (@jack) 17 avril 2022
En principe, je ne pense pas que quiconque devrait posséder ou gérer Twitter. Il veut être un bien public au niveau du protocole, pas une entreprise. Résolvant le problème d’être une entreprise cependant, Elon est la solution singulière en laquelle j’ai confiance. Je fais confiance à sa mission d’étendre la lumière de la conscience.
— jack⚡️ (@jack) 26 avril 2022
Si Jack Dorsey donne sa confiance à Elon Musk, Jeff Bezos se montre plus dubitatif. Le fondateur d’Amazon soulève en particulier le risque que la Chine ait son mot à dire dans la gouvernance de Twitter, vu les intérêts commerciaux de Tesla dans le pays.
Question interessante. Le gouvernement chinois vient-il de gagner un peu d’influence sur la place de la ville ? https://t.co/jTiEnabP6T
—Jeff Bezos (@JeffBezos) 25 avril 2022
Twitter dans le rouge en 2021
Que retenir à court terme ? Twitter publiera bien, le 28 avril, ses résultats trimestriels. Mais sans conférence téléphonique. Il n’y a, pour le moment, pas de licenciements de préposés. Le PDG Parag Agrawal, en poste depuis novembre 2021, devrait y rester jusqu’à la validation de la transaction. Au-delà, c’est l’incertitude, at-il reconnu auprès de quelque 7000 employés.
En 2021, Twitter a dépassé pour la première les 5 Md$ de revenus. Mais il a accusé une perte de 221 M$. En dépit du lancement de Twitter Blue, un abonnement mensuel qui donne accès à diverses fonctionnalités et options de personnalisation.