A l’occasion des 20 ans du site de la Ciotat (Bouches-du-Rhône) fondé par Gemplus puis passé dans le giron de Gemalto, Thales a présenté le 6 octobre 2022 plusieurs innovations développées dans ce centre de R&D désormais rattachées à son centre d’ingénierie nationale.
Une solution de paiements pour les personnes handicapées
L’une de ces solutions, actuellement expérimentée en France par le Crédit Agricole Normandie-Seine et Crédit Agricole Payment Services et par d’autres banques dans le monde, permet de sécuriser au quotidien le paiement par carte et smartphone des personnes en situation de handicap (visuel, moteur, auditif…). L’objectif est de leur éviter d’être victimes d’erreurs ou de personnes mal intentionnées lorsqu’elles font des achats.
Peaufinée sur le Centre R&D de Thales à La Ciotat, à la suite d’une demande de la fintech parisienne Handsome formulée en 2018, elle devrait être commercialisée avant la fin de l’année 2022. Elle consiste à coupler via Bluetooth le terminal de paiement et le téléphone mobile, au moment de l’usage de la carte.
Lorsque la somme à régler s’affiche sur l’écran du terminal, une voix l’énonce directement sur le smartphone (ou dans une oreillette connectée pour plus de discrétion) afin de permettre à son porteur de vérifier que le commerçant a bien tapé le montant exact. Fruit de plus de deux ans de recherches et d’essais, cette technologie est accessible en plusieurs langues, elle peut convertir une devise étrangère à la monnaie locale de l’acheteur…
Un site créé par Gemplus, sous pavillon Thales depuis 2019
“Nous avons travaillé sur une innovation qui répond concrètement à une préoccupation d’inclusion, sans être discriminante. Le projet qui a produit sur la ‘Voice Card’ a été très fédérateur chez nous puisque son mais dépassait les seuls aspects techniques”, indique Pierre Paladjian, responsable produits pour la banque et le paiement de Thales “Identité et Sécurité Numériques”, à La Ciotat.
Ce 6 octobre, les 600 collaborateurs du site célébraient les 20 ans de la réalisation de ce centre lancé, historiquement, par Gemplus, et aujourd’hui entité de recherche “Identité et Sécurité Numériques” de Thales, depuis qu’en 2019, le groupe un Gemalto intégré.
Les équipes y interviennent sur la sécurisation des cartes de paiement et documents biométriques, sur les solutions de paiement mobile sans contact, sur l’enrôlement de services de téléphonie à distance, grâce aux “e-SIM”, cartes SIM dématérialisées en train de se généraliser… A l’occasion de cet anniversaire, Thales a fait découvrir son “Design Center” et son “Laboratoire de Sécurité Matérielle” où sont traquées les failles de cybersécurité potentielles des innovations.
Lieu privilégié de créativité
“C’est ici qu’est née également la carte bancaire bio par lecture d’empreinte digitale qui permet de ne plus être limitée par le plafond de dépense de 50 euros. Elle est interopérable avec tous les terminaux et est diffusée par la BNP”explique Philippe Vallée, vice-président exécutif de Thales “Identité et Sécurité Numériques”.
Positionné sur trois spécialités, l’activité bancaire, l’identification et les télécommunications, et une logique transversale de “cybersécurité”, le centre de La Ciotat est l’un des piliers du pool d’ingénierie commun, mis en œuvre en 2021 au sein de Thales, pour contribuer à l’accélération de la transformation digitale du groupe. Depuis 2002, il est à l’origine du dépôt de 500 brevets. Et il planche déjà, par exemple, sur la cybersécurité post-quantique.
“Notre Design Center a été imaginé pour être ouvert à d’autres entreprises et coopérer sur les solutions qu’elles attendent. Il vise à répondre, dès la conception de produits, aux exigences de cybersécurité, protection des données by design et d’écodesign , tout en mettant l’utilisateur au centre du jeu. Il est un lieu privilégié d’expression et de concrétisation de notre créativité”poursuit-il.
Pierre Paladjian souligne ainsi que les travaux sur la carte de paiement bio, menés à partir de 2016, ont intégré le départ, dans un souci écologique, l’absence de batterie dans la carte ou l’utilisation de plastique recyclable pour le boitier d ‘enregistrement à domicile des empreintes digitales.
Anticiper les failles de sécurité
Responsable “Identité digitale” de Thales “Identité et Sécurité Numériques”, François Bogusz s’emploie, lui, à la “transformation digitale” des opérateurs télécoms. C’est ainsi qu’il œuvre à une technologie de vérification d’identité à distance lors de l’achat d’un forfait téléphonique, en France ou à l’étranger. En prenant la photo de son passeport, par exemple, puis un “selfie” et en suivant une procédure de validation en quelques clics, il est possible en moins de cinq minutes de choisir son forfait, de faire contrôler son identité, de régler sa facture et de passer ses premiers appels.
Cette plateforme sécurisée d’activation à distance aura demain des applications aussi dans les domaines de l’internet des objets ou des villes des villes… En aval de la phase “Design”, le Laboratoire de Sécurité Matérielle mobilise divers équipements et méthodes (observation, dégradation par faisceau laser…) pour prévenir, détecter, analyser et résoudre les problèmes de sécurité de nouveaux.
“Nous sommes là aussi beaucoup dans l’anticipation puisque nous étudions les schémas de cryptographie post-quantique qui seront aptes à résister aux puissances de calcul des ordinateurs quantiques et à leurs attaques potentielles”, explique Mylène Roussellet, ingénieure en cryptographie. A 20 ans d’existence, le site de La Ciotat de Thales Identité et Sécurités Numériques a donc encore matière à se projeter très loin…