Plus d’un Français sur trois (37%) se dit inquiet du potentiel d’achat de Twitter par Elon Musk, révèle une enquête d’opinion publiée ce 19 mai, réalisée par Odoxa et dont L’Usine Digitale est partenaire. L’excentrique milliardaire, dont la fortune est liée au cours de l’action de son entreprise Tesla, se comporte de façon erratique, multipliant notamment les attaques envers Twitter et ses employés et sémant le doute sur son intention d’achat.
L’opération est pour le moment suspendu sous prétexte que le nombre de faux comptes n’a pas été clairement établi. Une justification peu crédible et qui semble surtout servir de moyen de pression pour obtenir un prix plus bas. Le musc pourrait autrement ne pas être en mesure de payer.
Interrogés les 11 et 12 mai, avant ces derniers rebondissements, les Français étaient plutôt circonspects à l’idée de ce rachat. La volubilité du milliardaire est notamment en cause, lui qui utilise aussi bien Twitter pour communiquer sur ses entreprises que pour publier des blagues potaches ou des attaques envers ses détracteurs. Les sondés qui utilisent les réseaux sociaux comme un outil professionnel sont 42 % à craindre le rachat.
Les Français veulent plus de modération, Elon Musk en veut moins
Mais il ressort surtout de l’enquête (menée auprès d’un échantillon représentatif de 1005 Français) qu’une des priorités des utilisateurs tricolores est la modération des propositions sur les réseaux sociaux. 82 % des personnes interrogées jugent que la loi française n’est pas assez sévère pour lutter contre le harcèlement, l’incitation à la haine ou la désinformation. Et c’est justement tout le contraire des priorités d’Elon Musk, qui a fait de la “liberté d’expression” son cheval de bataille pour cette acquisition.
Principe sacrosaint aux États-Unis (1er amendement de leur constitution), il est fréquemment dévoyé car il signifie simplement que le gouvernement ne peut interdire aux citoyens de s’exprimer, pas qu’une entreprise privée doit laisser n’importe qui dire n’ importe quoi. En pointillé, Elon Musk envoie donc surtout des signaux à la droite américaine (voir l’extrême droite) lui signifiant qu’il lui laissera pleine latitude. L’ironie de la situation étant qu’elle est déjà largement favorisée, aussi bien sur Twitter et Facebook que YouTube, à force de lobbying politique.
L’affaire a même conduit Thierry Breton à rendre visite au patron dans l’une de ses usines pour clarifier les choses, suite à quoi Elon Musk a déclaré que Twitter continuerait évidemment de se plier aux lois de chaque pays dans lequel il opère. Ce qui ramène évidemment à la problématique pour un réseau social d’opérer dans des territoires dirigés par des gouvernements non démocratiques. Le casse-tête ne fait donc que commencer, à la fois pour Elon Musk, pour Twitter, et pour les utilisateurs.