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Robot, drone, exosquelette… comment la RATP cherche à faciliter le travail de ses agents

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Robot, drone, exosquelette… comment la RATP cherche à faciliter le travail de ses agents
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L’innovation est un enjeu majeur pour toutes les entreprises. La RATP ne déroge pas à la règle. “L’innovation est l’un des morceaux de l’ADN de la RATP”, assure même Côme Berbain, directeur de l’innovation, groupe RATP. Près de 180 projets sont en cours impliquant 140 partenaires que ce soient des start-up, des universités, d’autres industriels, etc.

La RATP a structuré ses innovations autour de quatre secteurs : l’innovation du quotidien (tout ce qui touche aux voyageurs) ; inventer la ville de demain ; décarbonner les mobilités et les villes ; améliorer les sites industriels. Ce dernier point est d’autant plus essentiel que l’activité industrielle de la RATP est très majoritairement située au sein des villes. Le but ici est d’améliorer le quotidien des employés et de réduire la pénibilité de leurs tâches sans affecter le service. D’autant plus que plusieurs métiers sont des métiers de nuit ou en itinérance.

Côté innovation, la RATP a deux approches qui cohabitent : soit les technologies sont achetées et les cas d’usage recherchés par la suite, soit les cas d’usage sont remontés et les technologies achetées pour y répondre. C’est ainsi que la RATP a acheté un robot Spot qui est arrivé au sein des équipes en novembre 2021. Ce robot chien, conçu par Boston Dynamics a été rebaptisé Perceval. Il a été acheté non pas pour remplir une mission fixée au préalable mais être testé durant un par différents services afin de trouver des cas d’usages qui apporteront de la valeur.

Un robot Spot à la RATP

“L’acquisition permet de tester beaucoup plus librement le robot que s’il avait été loué”, glisse Hélène Bahezre, pilote du programme d’innovation NTAP & Robotique, RATP Infrastructures. Une nécessité puisqu’il semble être mis à rude épreuve. Les experts de l’équipe RATP Infrastructure testent Perceval depuis deux mois afin d’inspecter les environnements de travail difficiles. Voir le robot Perceval en action est l’occasion d’aller visiter les sous quais de la gare Créteil – St Maur du RER A. Cet espace étroit et exigu est bas de plafond. Toutefois, il est essentiel de l’inspecter régulièrement. Perceval est donc missionné pour relever l’état du sous quai à la recherche de fissures et de désordre structurel. Le robot fonctionne en toute autonomie, accompagné à distance par un collaborateur.

Pour l’instant, le robot a surtout été testé avec “un œil déporté” ce qui signifie qu’il est téléguidé à distance. Mais cela doit changer à l’avenir, notamment si certains tests réalisés cette année sont reconduits. Concrètement la RATP réalise des inspections quinquennales pour connaître l’état de l’art de ses ouvrages (rechercher le désordre structurel et faire un point sur le vieillissement de la structure en béton), puis des visites annuelles intermédiaires peuvent être programmées en cas de besoin . Dans ces cas-là, il est possible d’imaginer apprendre le parcours au robot lors de sa première visite et lui notifier les points d’intérêts. Puis, Perceval pourra réaliser cette même inspection l’année suivante de façon autonome.


Le robot Perceval dans un tunnel qu’il doit inspecter

40 cas d’usages identifiés

Pour cette acquisition de Spot, la RATP est passée par Intuitive Robots, une société nantaise habilitée à vendre les robots de Boston Dynamics et apportant son expertise dans la robotique. Une proximité géographique essentielle pour la RATP qui peut rapidement les contacter lorsqu’elle rencontre un problème ou souhaite ajouter un équipement sur le robot. Faire passer le robot entre les mains de différentes équipes pour le tester permet justement de faire remonter des problèmes. Par exemple, la portée de son signal qui était trop limitée a été améliorée. Un des points faibles actuellement remonté est l’autonomie : l’équipe d’inspection explique pouvoir le faire fonctionner 45 minutes sur une batterie et disposer de trois batteries ce qui demande une bonne organisation.

Hélène Bahezre assure être encore en “phase exploratoire” et que près “d’une quarantaine de cas d’usages ont été identifiés” et une dizaine testée à ce jour. Par exemple, le robot peut faire un parcours en toute autonomie dans des galeries pour mesurer les températures d’éléments chauffants ; inspecteur des galeries souterraines (sous quais et viaducs – la RATP recense 300 sites) ; inspecteur et surveillant des caténaires ; inspecteur des éléments chauffants avec des relevés de température ; surveiller des sites sensibles (comme les sites avec des postes à haute tension) ; inspecter les voies et le ballast la nuit ; modéliser des chantiers tous les jours afin de comparer le conçu au réel. Sur ce dernier point, Perceval a déjà modélisé en 3D une gare désaffectée et va être utilisé sur le chantier d’une gare de la ligne 13 pour étudier l’état d’avancement du chantier.

Des drones pour inspecter les hauteurs

L’innovation passe également par les airs. La RATP s’est équipée de deux drones d’inspection Elios 2 conçus par Flyability afin de contrôler les éléments en partie haute des ouvrages en 2020. Le drone est équipé de quatre hélices, de capteurs et d’une caméra. Il est entouré d’une cage pour éviter de s’endommager ou d’endommager le site.

La RATP s’en sert pour inspecter des tunnels et des tranchées couvertes pouvant mesurer de 6 à 15 mètres de haut. Environ 170 sites de ce type sont référencés par l’entreprise. Pour l’instant, le drone inspecte les parties du métro et du RER. Le drone est contrôlé à distance par un opérateur qui peut voir en temps réel ce qu’il perçoit et prendre des photos des points d’intérêt. Cette technologie apporte un gain de temps et d’énergie puisque des lieux qui étaient auparavant contrôlés en trois nuits, soit entre 9 à 10h de travail, sont aujourd’hui inspectés en 30 minutes.


Le drone Elios 2 entouré d’une cage

Le second drone est utilisé dans un entrepôt logistique pour s’assurer que les palettes placées en hauteur sont bien posées. La RATP évoque un usage quotidien de cette technologie et espère tester d’autres modèles à l’avenir.

Des exosquelettes et gant bionique pour soulager les agents

En plus de ces technologies, la RATP s’équipe en matériels pour supporter les agents sur des tâches physiquement éprouvantes. Par exemple, cela fait plus d’un an et demi que la RATP teste des exosquelettes. L’entreprise a acheté deux modèles différents afin de les comparer et de définir lesquels répondent mieux à ses besoins. Aujourd’hui, les 5 exosquelettes sont déployées sur trois sites de maintenance du RER A et uniquement utilisées pour les changements ou la maintenance des portes. Une tâche pouvant nécessiter “7h de travail pour changer deux organes de porte, dont 3 à 4 heures les bras en l’air”selon Abdelkrim Benhamed, agent entretien RER A.


Abdelkrim Benhamed, agent maintenance du RER A, avec un exosquelette

Ces exosquelettes visent à aider les agents pour les tâches nécessitant d’avoir les bras en l’air ce qui représente “60 % des opérations de maintenance à la RATP”, selon Nicolas Stuyvers, responsable du programme des nouvelles technologies d’assistance physique. Ce sont des exosquelettes passives, qui s’enfilent comme un sac à dos, et dont le mais est de porter le poids des bras et des épaules (de 1 à 7,5 kg). Après de longs mois d’essais, les retours semblent plutôt positifs. “Le changement des portes entraîne la même dépense que lors d’un marathonassure Côme Berbain. Elle est divisée par deux avec l’exosquelette.” Les agents eux-mêmes témoignent du bien fait de cette technologie par la voix de Abdelkrim Benhamed qui dit avoir “moins de courbatures et ressent moins de fatigue”.

Au départ, comme lorsque la RATP acquiert une nouvelle technologie, des volontaires ont été recherchés afin de tester ces appareils. Les tests sont réalisés sur de petits collectifs avant d’être étendus progressivement et finalement généralisés. La RATP étend progressivement les usages de nouvelles technologies, en déterminant différents indicateurs de performances pour s’assurer qu’un problème n’est pas décalé ailleurs – c’est-à-dire que l’usage d’un exosquelettes ne déplace pas le problème de fatigue des épaule et des bras sur une autre partie du corps. Nicolas Stuyvers parle “d’humains préservés et non pas augmentés.” “Le but n’est pas d’augmenter la productivité mais de soulager les agents”ajoute-t-il.

Un gant bionique pour avoir plus de force

Allant dans le même sens, la RATP s’est récemment dotée d’un gant bionique qui doit être utilisé dans le courant de l’année. Cet équipement doit venir en aide aux agents pour des activités de préhension lorsqu’ils utilisent beaucoup leurs avant-bras et leurs poignets. Un des premiers usages retenus est sur des lignes de maintenance ou des activités logistiques. Concrètement il faut enfiler une veste sans manche, sur laquelle est fixé un boitier, ainsi que le gant.


Le gant bionique et sa veste

Des capteurs de pression au bout des doigts sentent lorsqu’une pression est ressentie et que son porteur a besoin d’aide. Le gant permet ainsi d’avoir plus de force lorsque l’agent se saisit d’un objet ou doit serrer quelque chose. La pression peut être ajustée manuellement selon les besoins. Et le système déposé sur la veste apprend de façon autonome lorsqu’un geste est répété et sait à quel moment il est nécessaire d’apporter plus de force à l’agent qui porte le gant.