Pasqal, fleuron du quantique français, séduit. Vitrine des deep tech et de ce que peut donner la recherche française, elle a été sélectionnée pour une visite du ministre délégué au Numérique Jean-Noël Barrot le 14 octobre 2022. L’occasion pour elle de faire le point sur ses développements.
Premiers cas d’usage
Pasqal développe des processeurs quantiques utilisant des atomes neutres manipulés par laser et qui permettent de réaliser des calculs à la demande avec un haut degré de connectivité et une puissance conséquente.
Si la technologie n’est pas prête à être industrialisée, les premiers cas d’usages mettent en lumière les bénéfices de l’informatique quantique dans certains domaines. Par exemple, le sujet de la déformation des matériaux est étudié avec BMW. Des simulations sont aussi faites pour améliorer le design des avions. Et le Crédit Agricole teste une nouvelle solution pour la gestion des risques des portefeuilles financiers. Les banques sont très gourmandes en puissance de calcul et les technologies quantiques pourraient venir les aider.
De manière générale, l’écosystème qui s’est fondé autour des technologies quantiques a tendance à promouvoir des monts et des merveilles en matière de puissance de calcul. Mais le prix Nobel de physique Alain Aspect, qui a cofondé Pasqal, vient tempérer quelque peu l’engouement en expliquant que s’ils arrivent à faire autant, mais beaucoup plus rapidement et avec une machine qui consomme nettement moins, ce sera une première victoire . En attendant, Pasqal a déjà deux ordinateurs quantiques en service et un troisième qui sera bientôt opérationnel.
A la recherche de centaines de millions d’euros
Mais pour rivaliser avec ses concurrents américains, dont certains ont levé de 300 à 600 millions de dollars par le passé, Pasqal cherche actuellement des fonds. La start-up avait levé 25 millions d’euros à l’occasion d’une Série A annoncée en juin 2021. Un tour de table mené auprès du fonds Quantonation Ventures (qui cherchait actuellement des fonds pour participer à la nouvelle levée), le Fonds innovation défense, RunA Capital, Daphni, Eni Next et le Fonds du Conseil européen de l’innovation (EIC).
“La France à l’écosystème pour financer les premières étapes d’une start-up, mais ici on parle de plusieurs centaines de millions d’euros” qui sont plus difficiles à trouver, explique Georges-Olivier Reymond, PDG de Pasqal. Bpifrance et le Fonds européen d’investissement (FEI) font un travail important, notamment lors des premières étapes de financement. Malheureusement, à l’occasion de ce tour de table, la pépite française n’aura aucun doute d’autre choix que de se tourner vers des fonds américains et/ou chinois pour compléter l’apport des investisseurs européens.
Au-delà des quantités recherchées, l’une des difficultés est que “le ratio en matière de revenus ne correspond pas aux demandes des fonds aujourd’hui”, ajoute Georges-Olivier Reymond. En effet, Pasqal est une pépite “deep tech” pour laquelle le retour sur investissement demandera du temps. Ou tous les investisseurs ne sont pas prêts à patienter. La jeune pousse aimerait également ses clients avec le gouvernement par le biais de contrats spécifiques. Ce serait une façon pour elle de se financer tout en industrialisant sa technologie et en montrant comment elle peut être utilisée.
En attendant, cette visite est l’occasion pour le gouvernement de rappeler que le plan quantique, c’est une enveloppe de 650 millions d’euros dont 400 millions d’euros ont déjà été distribués (150 millions d’euros sont allés dans la recherché). Dans ce cadre, Pasqal a obtenu 3,5 millions d’euros, ce qui correspond à la moitié du financement pour fabriquer deux machines.