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Numérisation côté client (CSS) : une fausse bonne idée ?

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L’exécution sur ordinateur d’outils d’analyse côté client (client-side scanning ou CSS) fait débat. Aux fins d’une détection de contenus illicites Apple a temporairement suspendu son plan. Pas la Commission européenne, en revanche.

Le déploiement massif d’algorithmes et de technologies d’analyse côté client (client-side scanning ou CSS*) sur terminal permet-il de mieux protéger ?

Non, si l’on croit des chercheurs en cybersécurité.

L’an dernier, Apple a suspendu son plan de déploiement sur iPhone d’un algorithme (« NeuralHash ») pour détecter le matériel pédopornographique (CSAM) et signaler la présence de ces contenus aux autorités appropriées. La firme de Cupertino (Californie) a reculé face à une opposition forte de membres de son écosystème, clients et partenaires, de défenseurs des droits et de chercheurs en cryptographie.

En revanche, la Commission européenne, à travers sa proposition de règlement concernant la protection des mineurs sur internet dévoilée le 11 mai 2022, a relancé l’idée de backdoors (ou portes dérobées) légales.

Malgré les craintes des professionnels de la cybersécurité et des plateformes.

Casser le chiffrement ?

Dans un document d’étude [PDF] dont The Register s’est fait l’écho, des chercheurs en informatique, sciences de l’information et criminalistique d’universités écossaises indiquent :

« Les CSS peuvent rarement atteindre les objectifs attendus [de détection ciblée], comme on le constate avec les logiciels antivirus », expliquent les auteurs. Par ailleurs, le rapport « coût-bénéfice » est avantageux, selon eux. Aussi, la détection de contenus illicites dans ce contexte ne préserve « ni la confidentialité, ni la sécurité ».

Aussi, en cas de procédure en justice, les CSS peuvent heurter le droit à un procès équitable, le droit au respect de la vie privée et, plus largement, la liberté d’expression, insistent les chercheurs. De surcroît, lorsqu’une porte dérobée est ouverte à des fins d’enquête légale, elle peut aussi être exploitée par des cyber-acteurs malveillants.

La proposition risque donc, selon eux, de fragiliser le chiffrement de bout en bout.

*A ne pas confondre avec les « feuilles de style en cascade »

**Université Strathclyde, faculté de droit de Dundee

(crédit photo via Pixabay)