Est-il possible d’innover dans le secteur du nettoyage ? C’est le pari de la start-up Myr.ai et de ses fondateurs Axel Hars et Joackim Boucetta, qui veulent parvenir à la transformation digitale jusque dans le ménage des open spaces. La société créée début 2020 a développé une plateforme en mode SaaS, qui met en relation les professionnels du nettoyage et les entreprises clientes, centralise le suivi des tâches, et permet d’établir une communication directe entre tous les intervenants. Elle est associée à une cartographie des espaces de travail, des capteurs et des données (mises à disposition par les capteurs ou rentrées manuelles) qui optimisent le pilotage du parc immobilier.
“Le secteur de la propreté n’a pas innové depuis des années. Les entreprises de nettoyage, comme les facility managers, orientent leurs actions sur l’hygiène, pas sur l’innovation”explique Axel Hars. “Les personnes qui s’occupent du nettoyage ne sont pas visibles, on ne sait pas ce qu’elles font, ce qui peut conduire leurs clients à penser que le travail est mal fait. En leur redonnant de la visibilité, notre solution permet à ces sous-traitants de récréer de la confiance”, ajoute l’entrepreneur.
Moins d’aspirateur, plus de photos
Myr.ai s’adresse à la fois au client final, auquel la start-up vend son logiciel SaaS, et aux prestataires de nettoyage, à qui elle fournit un outil de mise en relation avec les clients et de réponse aux appels d’offres , ainsi que des robots aspirateurs. Cette robotisation du nettoyage des sols, en connexion avec le planning d’occupation des espaces, peut par exemple permettre de nettoyer en priorité le soir les zones qui seront occupées le lendemain.
Elle a d’autres avantages : “Les agents de nettoyage ne peuvent pas faire le ménage en journée car l’aspirateur fait du bruit. Grâce aux robots, l’opérateur gère la flotte, et peuvent revenir en journée. De plus, à surface équivalente, un robot aspirateur consomme dix fois moins d’électricité et jusqu’à 80% moins d’eau qu’un agent avec des outils classiques”.
La plateforme est associée à une application mobile utilisée par les agents de propreté, qui indique le cahier des charges et leur permet de valider les tâches terminées en prenant des photos, horodatées et géolocalisées. Ceci rajoute du travail aux agents, mais selon Axel Hars, cela représenterait “157 secondes pour un espace de 900 m2”. Les employés peuvent également intervenir sur la plateforme, pour signaler par exemple un endroit à nettoyer. Et les gestionnaires peuvent communiquer directement avec les agents, sans avoir à passer par l’intermédiaire de leur responsable chez le prestataire.
Automatisation des tâches
Pour le client final, la solution reviendrait selon Myr.ai à 0,30 euro de plus par m² et par mois, par rapport au coût standard. La start-up compte une centaine de clients, dont Microsoft, Nexity, Decathlon et Bouygues Immobilier, exploitant des surfaces de bureau allant de 80 à 10 000 m². Environ 150 fournisseurs sont référencés. Myr.ai met également à disposition des entreprises une place de marché d’objets connectés (robots, capteurs de la qualité de l’air…).
En octobre 2021, la start-up a effectué une levée de fonds de 2 millions d’euros en amorçage auprès de Weaving group, Axeleo Capital, et Second Century Venture (une association de propriétaires de bureaux aux Etats-Unis). Elle a des projets de développement au Royaume-Uni, travaille sur l’automatisation des tâches (comme la gestion des consommables pour les toilettes), et sur une technologie de reconnaissance de la propreté des espaces. Elle compte par ailleurs ouvrir son API à la gestion des salles de réunion.