En mars 2022, le premier rapport de la Mission 5G industrielle, installé par le gouvernement en octobre 2021, établissait que l’accès aux fréquences constituait un frein à l’adoption de la technologie par les entreprises. Ce mercredi 12 octobre, le ministre délégué au Numérique et aux Télécoms Jean-Noël Barrot a annoncé qu’il lançait une consultation publique pour rendre les fréquences 5G plus accessibles. Celle-ci durera un mois et portera sur les redevances sur la bande 2,6 GHz TDD (duplex temporelmultiplexage sur le même canal de fréquence).
réduire le coût de la redevance
L’objectif est que les entreprises puissent verser une redevance de 1200 euros par an pour des surfaces couvertes inférieures à 0,3 km². Jusqu’à présent, dans cette bande de fréquences, la redevance pérenne minimum pour un réseau 5G privé était de 70 000 euros, avec un droit d’émettre sur une surface de 100 km². Un seuil beaucoup trop élevé pour des structures de petite ou moyenne taille.
“La 5G industrielle est cruciale pour faire face aux enjeux de relocalisation et de sobriété de l’industrie française”a rappelé Jean-Noël Barrot. “C’est la pierre angulaire des chantiers numériques de France 2030”le grand plan d’investissement de 54 milliards d’euros du gouvernement, destiné à transformer les secteurs clés de l’économie par l’innovation technologique.
Le ministre délégué a également annoncé le lancement de “clubs thématiques” pour partager les retours d’expérience des 21 plateformes d’expérimentation des usages de la 5G déjà soutenues dans le cadre de la Stratégie d’accélération 5G, et un catalogue de “campus fablabs 5G industriels” sur l’ensemble du territoire pour mener des expérimentations 5G.
13 nouvelles autorisations d’expérimentations
La consultation sur la révision des modalités d’accès aux fréquences complète l’initiative de l’Arcep, le régulateur des télécoms, qui a débloqué de nouvelles fréquences en mars dernier pour les expérimentations 5G, sur la bande 3,8 – 4 GHz. Ce mercredi, Patrick Lagrange, chargé de l’allocation des fréquences à l’Arcep, a annoncé que 13 autorisations d’expérimentations dans cette bande de fréquences avaient été délivrées depuis mars.
Ces expérimentations sont attendues par l’Institut hospitalo-universitaire de Strasbourg (démonstrateur de bloc opératoire communicant pour des interventions mini-invasives), SNCF Réseau (usages liés aux voyageurs et aux entreprises, en gare et en milieu industriel), Capgemini (Lab 5G d’Issy-les-Moulineaux), Orange, NTT, Transatel, Alsatis, le CEA, Bouygues Telecom, Schneider Eletric, et EDF.
Un marché pas mûr avant 2024
Six mois après la remise des premières conclusions de la Mission 5G industrielle, son directeur Philippe Herbert s’est félicité que “l’ensemble des actions [préconisées dans le rapport publié il y a six mois] ont été engagés”. “Les choses ont bougé”at-il dit.
Le bilan est particulièrement positif sur la question de l’accès aux fréquences, de la visibilité des projets et de la maturation des acteurs. Les partages de cas d’usages avancent également. Il y a davantage de travail sur les autres points bloquants soulevés par la Mission, notamment le développement d’offres clés en main bien dimensionnées, et les offres de formation. Certaines initiatives devraient cependant être limitées, comme celle de Mines Télécom qui travaille à la création d’offres de formation spécifiques.
Sur le calendrier, Philippe Herbert a relativisé le retard français, en systématique que la “dynamique mondiale, sur le marché de la 5G industrielle, était toujours expérimentale”. Selon lui, le marché ne sera pas mature (disponibilité des offres, à des coûts plus abordables…) avant 2024.