Les assistants vocaux pourraient avoir “des conséquences à long terme sur l’empathie, la compassion et la pensée critique” chez les enfants. Des chercheurs de l’Université de Cambridge, Ananya Arora et Anmol Arora, tirent la sonnette d’alarme et appellent à ce que davantage d’études soient faites sur ce sujet afin d’examiner l’effet de ces technologies sur les plus jeunes. L’article a été publié dans la revue spécialisée Archives of Disease in Childhood, comme le rapport Bloomberg le 28 septembre 2022.
L’absence de communication non verbale
Face à la multiplication des assistants vocaux comme Google Home, Alexa d’Amazon ou encore Siri d’Apple, les chercheurs se penchent sur les effets potentiels de ces technologies sur la psychologie de ses utilisateurs et plus particulièrement des enfants. Ces technologies peuvent être utilisées de différentes manières par les enfants : comme un compagnon de lecture pour améliorer les compétences de lecture, un partenaire de conversation pour aider l’enfant dans ses compétences en communication, etc.
Les universitaires se déclarent préoccupants par les effets des assistants vocaux sur le développement des enfants. “L’impossibilité de s’engager dans une communication non verbale fait que ces appareils ne sont pas la bonne méthode pour apprendre les interactions sociales”est-il encore écrit dans l’étude.
Les chercheurs craignent que les enfants attribuent des caractéristiques et un comportement humain aux appareils, ce qui pourrait être aggravé par une partie du langage utilisé pour allumer les appareils. Et l’assistant vocal n’attend pas à ce qu’on lui dise merci ou s’il vous plaît ou que la personne lui demande des renseignements sur un ton de voix plaisant. Les chercheurs soulignent toutefois la fonction “mot magique” sur Alexa comme allant dans la bonne direction.
Entraver les processus traditionnels d’apprentissage ?
Sur l’apprentissage, les chercheurs se demandent si la réponse instantanée à n’importe quelle question ne peut pas “Entraîner les processus traditionnels ne génèrent pas les enfants et évoquent l’information.” Ils expliquent que le processus de recherche de l’information est une “expérience d’apprentissage importante” qui enseigne la pensée critique et le raisonnement logique. Mais cette préoccupation n’est pas nouvelle d’ajouter les chercheurs puisque des inquiétudes similaires ont été soulevées avec la démocratisation d’Internet et des moteurs de recherche.
L’apport des assistants vocaux est également mis en avant comme leur capacité à répondre rapidement à des questions et aider des personnes dans leurs activités quotidiennes. “Cependant, des recherches urgentes sont nécessaires sur les conséquences à long terme pour les enfants qui interagissent avec de tels dispositifsajoutent-ils. Interagir avec les appareils à un stade crucial du développement social et émotionnel pourrait avoir des conséquences à long terme sur l’empathie, la compassion et la pensée critique.”
Le sujet de la vie privée
“Cet article académique ne fournit aucune nouvelle preuve de l’impact des assistants vocaux sur les enfants”a commenté auprès de Bloomberg le Dr Amy Orben, responsable du programme MRC Cognition and Brain Sciences de l’Université de Cambridge. “C’est un article d’opinion, et son argumentation repose en grande partie sur des reportages et des preuves anecdotiques, citant extrêmement peu de preuves scientifiques. Les impacts des assistants vocaux sont probablement mitigés et très dépendants de la façon dont ils sont utilisés par les enfants”tempère le Dr Amr Orben.
L’étude concernant les effets des assistants vocaux sur le développement des enfants se doit d’être approfondie. Il convient également de rappeler de Google, Microsoft, Amazon et Apple ont chacun été mis en cause pour des pratiques enfreignant la vie privée de leurs utilisateurs : des intervenants extérieurs étaient tachés par ces entreprises d’écouter des séquences audio appelées par des smartphones, des enceintes ou ordinateurs, et de les transcrire ou traduire. Le tout sans l’autorisation des premiers concernés. Il semble ainsi important de sensibiliser les clients, et notamment le jeune public, à ces enjeux autour de la vie privée.