Aux États-Unis comme en Europe, la période n’est pas favorable aux introductions en Bourse. Selon Morgan Stanley, sur les huit premiers mois de l’année, il n’y a eu aucune IPO de société technologique de plus de 50 millions de dollars aux États-Unis, ce qui ne s’était produit ni après la crise de 2008 , ni après l’éclatement de la bulle internet. Le nombre d’introductions en Bourse est en chute de 92 % par rapport à l’année dernière.
Morosité ambiante
Sur Euronext Paris, de janvier à mi-juillet 2022, il y a eu 17 introductions en Bourse, contre 40 l’an dernier, “mais nous sommes déjà au niveau de 2019 ou 2020, pour une année entière”tempère Delphine d’Amarzit, directrice générale d’Euronext Paris, dans La Tribune. C’est dans ce contexte difficile qu’a été lancé Euronext Tech Leaders, le “Nasdaq européen”, en juillet dernier. Depuis, l’indice a reculé de 8% (-3% pour le CAC40, -7% pour le Nasdaq qui a perdu 30% depuis le début de l’année).
Dans ces conditions de marché, l’accompagnement promis par la place et ses partenaires (BNP Paribas, Goldman Sachs, JP Morgan, Société Générale, Caisse Des Dépôts, Bpifrance, La Mission French Tech…), tant du côté des candidats à l’ IPO que des investisseurs (pour donner de la visibilité aux sociétés cotées et aux licornes) va prendre une autre dimension.
Euronext Tech Leaders, objectif visibilité
Avec Euronext Tech Leaders, la Mission French Tech va pouvoir accompagner les sociétés cotées de la même façon qu’elle accompagne le French Tech 120 et le Next 40 : actions de visibilité (Vivatech, déplacements diplomatiques…), partage d’expériences, accès au réseau au sein de l’État, etc.
“Les scale-up sont un moteur essentiel pour l’économie, et l’IPO est une étape pour laquelle elles ont besoin d’un accompagnement car c’est une étape stratégique de leur développement. Euronext Tech Leaders permet de leur donner une visibilité à l’échelle européenne et de mobilisateur les gestionnaires d’actifs pour assurer la liquidité du marché. L’écosystème arrive à un niveau de maturité où la question d’une IPO aux États-Unis peut se poser pour les licornes, et choisir la voie européenne est un des leviers de la souveraineté économique”explique Clara Chappaz, directrice de la Mission French Tech.
Donner envie de se lister…
Aramis, qui a levé 250 millions d’euros lors de son introduction en bourse en juin 2021, fait partie des 42 sociétés françaises sélectionnées pour faire partie du nouveau segment de marché. Elle en attend “des efforts pour se rendre attractif auprès des investisseurs étrangers”.
“Tout ce qui peut mettre en lumière la tech européenne et positionner Euronext comme une place moderne dans l’écosystème est une bonne chose. Le fait de communiquer sur un indice avec des sociétés plus petites, c’est positif aussi. C’est un message : ‘oui, c’est possible ici aussi’, même si le Nasdaq est plus gros et plus attractif. Cela donnera peut-être envie à d’autres sociétés de se lister”estime Guillaume Paoli, cofondateur et co-président d’Aramis.
…malgré un contexte peu encourageant
Sur l’Euronext Tech Leaders, des sociétés cotées récemment comme Aramis côtoient des dinosaures de la cote comme Dassault Systèmes ou Capgemini. Parmi les entrants les plus récents figure Deezer, qui s’est introduit en Bourse le 5 juillet, en levant 143 millions d’euros, soit deux fois moins qu’espéré. Le titre a perdu 42% depuis. Mais il n’est pas le seul. D’après le Le journal Wall Street, 87 % des entreprises qui se sont introduites en Bourse aux États-Unis depuis un ont vu leur cote révélée par rapport à leur cours d’introduction.
Forcément, ce n’est pas très encouragé. Cela explique sans doute pourquoi les IPO ont représenté en France moins de 5 % des sorties en 2022 pour les investisseurs, selon Avolta Partners, tandis que les acquisitions par des scale-up prenaient du poids (tout en étant elles aussi sinistrées, les M&A ayant enregistré un de leurs pires semestres entre janvier et juin 2022, dans le secteur technologique).
De fait, à part Deezer cette année, la French Tech ne compte qu’une autre introduction en Bourse significative, celle de Broadpeak, fabricant breton de composants de diffusion vidéo et de logiciels pour le streaming vidéo, qui a levé 20 millions d’euros au mois de juin.