Les problèmes ne”ne date pas d’hier” Maïs “l’insécurité numérique sape la confiance de nos citoyens vis-à-vis des technologies», a déclaré Jean-Noël Barrot devant les résidents du Campus Cyber. Le ministre délégué au Numérique a réitéré jeudi 28 octobre les ambitions du gouvernement dans sa stratégie en matière de cybersécurité.
“La menace cyber se professionnalise”, at-il souligné, ajoutant qu’il était possible aujourd’hui d’obtenir un logiciel malveillant “pour quelques milliers d’euros”. Un constat partagé par les experts du secteur. “Il y a une multiplication des acteurs malveillants”, a reconnu Alban Ondrejeck, le directeur technique et cofondateur de ANOZR WAY, auprès de L’Usine Digitale, avec l’essor du “Ransomware as a Service” — lorsque des groupes de cybercriminels mettent à disposition leur logiciel à des “franchisés» contre-commission.
“Ce phénomène s’est accéléré avec la crise du Covid-19 où certaines personnes se sont rendues compte qu’il était facile de se faire de l’argent en restant chez soi derrière son écran», a expliqué l’ancien directeur cybersécurité d’Orange Business Services.
Une menace croissante
Et le dernier baromètre de la start-up française confirme que le niveau de la menace cyber n’a jamais été aussi critique. Selon l’étude, la perte de chiffres d’affaires cumulés pour les entreprises françaises victimes de rançongiciel s’élève à 1,06 milliard d’euros pour la période janvier-août 2022. En 8 mois seulement, le nombre d’organisations qui ont été frappées par ce type d’attaque est déjà égal à 85 % de l’ensemble de l’année 2021, selon ce même baromètre daté de septembre.
“Nous devons aller plus longe», a prévenu Jean-Noël Barrot, qui a précisé la vision du gouvernement sur le sujet, introduisant les deux «objectifs forts» de la stratégie française. Le ministre du Numérique mise d’abord sur la “cybersécurité du quotidien”.
“Puisque les attaques se généralisent également, la prévention doit se généraliser”, at-il déclaré, citant la nécessité d’une “prix de conscience collectif des gestes barrières à adopter pour parer aux attaques et aux tentatives d’escroquerie”. Pour encourager leur assimilation, Jean-Noël Barrot a annoncé «la mise à disposition d’outils de protection simples, gratuits et facultatifs”.
Trois outils pour améliorer la sécurité
Il a d’abord indiqué que le “filtre anti-arnaque”, promesse de campagne du président Emmanuel Macron et dont les contours techniques sont en cours de finalisation, seront proposés en version bêta à l’été 2023, puis disponibles pour le grand public l’été suivant. Ce filtre devrait être utilisable à la fois lorsque vous naviguez depuis votre ordinateur et votre téléphone et devrait indiquer à l’utilisateur lorsqu’il s’apprête à entrer sur un site malveillant.
Jean-Noël Barrot a ensuite plaidé pour la “sécurisation par défaut” des sites et des applications, avec le lancement fin novembre de la plateforme ” Mon Service Sécurisé ” qui doit permettre aux services publics et aux collectivités territoriales de “Sécuritaire et d’homologue» leurs sites ou applications.
Enfin, le ministre a rappelé la mise en œuvre fin 2023 du « cyberscore » qui devra, dans des conditions similaires au nutri-score, indiquer à l’internaute le niveau de sécurité des plateformes sur lesquelles il déposera ses données, comme les réseaux sociaux . Là encore, les modalités ne semblent pas encore bien définies. “Ce cyberscore, il est né d’une initiative parlementaire, la loi a été votée, il appartient maintenant au gouvernement de mettre en œuvre cette loi et donc de définir le cahier des charges», a précisé le ministre à L’Usine Digitale, appelant à une certification «complet”, “Facile” et “suffisamment informatif sur le plan visuel”.
Poursuivre la stratégie d’accélération
Le deuxième grand objectif de la stratégie cyber du gouvernement : «conforter la souveraineté de la filière”. Pour mener à bien cette mission, Jean-Noël Barrot a nommé Florent Kirchner, membre du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), coordinateur national pour la stratégie d’accélération cyber. Il devra notamment veiller à la bonne exécution du plan France 2030. 17 nouveaux projets vont être financés à hauteur de 39 millions d’euros dans le cadre des appels à projets de ce plan d’investissement massif, a par ailleurs annoncé le ministre.
Cette nouvelle feuille de route s’inscrit également dans la lignée des ambitions françaises présentée par le ministre le 6 septembre dernier, dans le cadre de la huitième édition de l’Université d’été de l’association professionnelle Hexatrust. Jean-Noël Barrot avait alors fixé trois nouveaux objectifs pour l’écosystème français à l’horizon 2025 : un chiffre d’affaires multiplié par trois, trois nouvelles licornes et 37 000 emplois supplémentaires.
Le ministre délégué au Numérique avait par ailleurs accordé une enveloppe supplémentaire de 20 millions d’euros au gendarme de la cybersécurité français, l’Anssi, pour renforcer ses moyens face à la multiplication des attaques — une somme qui vient donc s’ajouter au milliard d’euros débloqué dans le cadre du plan national pour la cybersécurité dévoilé par le gouvernement en février 2021 et visant à faire émerger des champions français de la sécurité informatique.
Pénurie de talents
Au Cyber Campus, Jean-Noël Barrot a également évoqué la pénurie de talents, alors que 15 000 postes sont à pouvoir dans le secteur d’après le cabinet Wavestone, soit “autant de freins à la croissance de nos entreprises» pour le ministre. “Notre industrie ne sera pas souveraine sans ces talents», at-il souligné, réaffirmant la volonté d’Emmanuel Macron des anciens 400 000 experts du numérique d’ici à la fin du quinquennat.
Augmenter la “désirabilité” des métiers sera également une condition sine qua non au succès de la filière selon lui, alors qu’il appelle les acteurs de l’écosystème à participer à cet effort de valorisation. Enfin, Jean-Noël Barrot a profité de sa présence au Campus Cyber pour saluer le label « Commune Cyber Dynamique », qui a fait ses premiers pas cette semaine ainsi que les réponses »régaliennes« Raréfié par le projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur, qui doit bientôt atterrir à l’Assemblée nationale, en référence notamment à la clarification des règles autour de l’assurance cyber.
Sélectionné pour vous