L’Usine Digitale : Vous avez été nommé directeur général de SAP France cet été. Est-ce pour votre profil, très axé cloud, qui semble correspondre à la direction prix par SAP depuis quelques années ?
Olivier Nollent : Absolument, c’est la grande évolution de l’entreprise et c’est dans ce contexte que je suis arrivé. En fait, SAP France a trois objectifs majeurs, alignés avec le groupe, pour lesquels mon expérience a du sens. Le premier, effectivement, c’est l’accélération de la vente de solutions en mode cloud. J’ai passé treize ans chez Microsoft au moment de sa transition vers le cloud.
Le deuxième, c’est de renforcer notre proximité avec les clients, notre compréhension de leurs enjeux par secteur, et de proposer des offres plus personnalisées. J’ai beaucoup travaillé dans ce domaine lors de mes années passées chez Salesforce. Et enfin, troisième objectif : mettre l’accent sur le fait que SAP apporte davantage de valeur au client. Il y a un enjeu d’adoption lié au cloud. Il faut comprendre commenter la structure de l’organisation pour s’assurer que la réalisation soit à la hauteur de la promesse faite à nos clients.
Vous parlez de vos expériences chez Microsoft et Salesforce. C’est un atout d’avoir travaillé chez la concurrence ? Comment positionnez-vous SAP par rapport à eux ?
Un grand atout, évidemment. Au-delà de la notion de concurrence, ce sont des modèles d’organisation similaires à SAP, très matriciels et internationaux. Je suis tombé très jeune dans cet environnement, j’ai l’habitude d’y travailler. Mais parmi les raisons qui m’ont poussé à rejoindre SAP, il y a surtout le fait qu’il s’agisse d’une entreprise allemande à l’ADN très européen.
C’est important pour moi de contribuer au développement du seul grand acteur des logiciels du continent, et à celui de nos clients, qui sont également des entreprises européennes. SAP est un portefeuille très large comparé aux acteurs que vous citiez, mais aussi comparé à tous les acteurs du marché. Nous accompagnons des entreprises de tous les secteurs et dans tous les domaines.
La pandémie at-elle impacté votre activité ?
Globalement, la Covid a poussé nos clients à accélérer leurs transformations, donc a boosté notre activité !
En tant que nouveau DG, quelles orientations comptez-vous donner à l’entreprise ?
Il y a trois axes stratégiques majeurs chez SAP. D’abord, ce que l’on appelle l’entreprise intelligente. Nous avons accompagné la transformation des entreprises de manière encore plus agile, pouvoir s’adapter à un marché en mouvement, de plus en plus imprévu, les aider à avoir un usage beaucoup plus fort de la data et surtout, à agir en fonction de l ‘analyse des données.
Ensuite, nous voulons travailler sur la résilience des chaînes d’approvisionnements. Le Covid les a bousculées, la guerre en Ukraine également, ce qui a fortement impacté la demande. Et enfin, troisième grand chantier, la durabilité : guider les entreprises, qui ont de plus en plus d’engagement vis-à-vis des pouvoirs publics, mais aussi de leurs clients et partenaires, dans le calcul de leur empreinte carbone, et les aider à s’approvisionner avec des produits moins énergivores.
Par ailleurs, nous voulons être une entreprise attractive dans la guerre de talents qui se joue. Pour ce faire, nous avons lancé le Plan 3000, un plan de développement des compétences avec des filières de reconversion et des programmes de formation financés. De plus, nous aimerions aller chercher les jeunes diplômés là où ils sont, c’est-à-dire dans les écoles.
Comment se porte votre activité cloud ?
Très bien. Au troisième trimestre [ndlr: qui s’est terminé à la fin du mois de septembre], nos revenus cloud au niveau mondial ont augmenté de 38 %, ce qui fait suite à une augmentation qui était déjà de l’ordre de 30 % sur le deuxième. Aujourd’hui, nos revenus cloud constituent la moitié des revenus de SAP au nouveau mondial. Nous avons dépassé cette barrière, et continuons d’avoir une croissance parmi les plus fortes du marché aujourd’hui sur ce segment.
Néanmoins, les ERP représentent toujours votre cœur de métier ?
Tout à fait, même si nous avons développé des offres spécialisées. Une sur les ressources humaines, Facteurs de succès, qui permet aux entreprises de supporter leurs processus RH, du recrutement à la gestion du cycle de vie des employés. Une sur l’expérience management, Qualtrics, ou encore sur l’expérience collaborateur, qui propose un index pour comprendre comment le collaborateur est envoyé dans l’entreprise. Il y a aussi Ariba, sur la partie gestion des achats des entreprises, par exemple des achats de fournitures mais aussi liés à la production, ou encore Concure, pour la gestion des dépenses des collaborateurs, ainsi que des solutions liées à la supply chain.
Après le cloud, commentez-vous la prochaine révolution technologique de SAP ? Sur quoi travaillent vos centres de R&D ?
Nos équipes R&D sont encore bien occupées à faire en sorte que toutes nos solutions soient disponibles en mode cloud. C’est une grosse révolution, sur laquelle ils ont encore du travail. Ils s’intéressent aussi à toutes les technologies qui font évaluer le marché aujourd’hui : l’IA, l’optimisation des processus, les jumeaux numériques, la data aussi, notamment la manière dont on peut automatiser au maximum les actions.
Vous intervenez évidemment auprès de grandes entreprises comme Schneider Electrics ou Toyota, mais travaillez-vous aussi de plus en plus avec des PME ?
Oui, avec des ETI et des PME comme Quipment ou encore Sterimed. Nous proposons des offres et des manières de contractualiser spécialement conçues pour répondre à leurs logiques et avons des partenaires spécialisés pour adresser ce marché. Ces entreprises ont souvent besoin d’un accompagnement plus poussé pour les aider à tout standardiser. C’est un segment en croissance, très dynamique pour SAP.
Début octobre, lors de la Convention des utilisateurs SAP francophones (USF), l’enquête de satisfaction des membres a été présentée. Ils demandaient notamment des factures à l’usage et plus de souplesse dans la durée des contrats. Comptez-vous prendre en compte ces résultats ?
Nous sommes très attentifs à ces enquêtes. Ces retours sont compréhensibles car nous sommes encore dans une phase de transition vers le cloud, nos équipes s’affichent elles aussi sur un nouveau modèle… Ce qui explique que certaines présentations n’aient pas été bien faites. Mais je pense qu’il y a beaucoup plus de maîtrise aujourd’hui.
Sélectionné pour vous