“La frugalité pourrait éviter bien des obstacles”a souligné en ouverture des débats, Ludovic Le Moan, président de l’IoT Valley et ancien président et co-fondateur de Sigfox, passé au printemps dernier dans le giron d’Unabiz, après deux années de très fortes turbulences. “Le choix technologique de Sigfox, celui des réseaux bas débit et de la basse consommation, était celui de la frugalité. Cela n’a plus été le cas dans son développement… En levant 100 millions d’euros, nous avons levé aussi des vents contraires”souligne l’ancien dirigeant.
La fin de l’abondance
Après avoir débattu sur la créativité en 2019, la reconversion en 2020 (dans la foulée de la crise sanitaire) ou encore de l’évolution, notamment celle de sa structure, en 2021, la communauté d’entreprises de l’IoT Valley, à Labège, dans le sud-est de l’agglomération toulousaine a en effet retenu ce thème de la frugalité pour réunir l’ensemble de ses membres (une cinquantaine d’entreprises du numérique, dont près d’une trentaine de start-up en pré -incubation ou incubation) et ses nombreux partenaires à débattre autour du thème de la frugalité.
Réemploi, débrouillardise, autofinancement, optimisation des ressources, innovation frugale, ingéniosité, collaboration, sobriété numérique… Autant de thèmes suggérés au travers d’une série de tables rondes, de retours d’expérience et de conférences. Après ce bref retour d’expérience de Ludovic Le Moan, conclusion d’un “pour vivre heureux, vivons cachés”l’édition 2022 du Focus de l’IoT Valley a également été l’occasion de mettre en lumière des solutions innovantes développées par les entreprises de l’écosystème.
Conjuguer innovation, création de valeur et frugalité
Se développer tout en restant frugal, les exemples se succèdent. Tel celui de Déclique. Créée en 2020 par Arnaud Huvelin, la société a développé des solutions d’optimisation de lignes de production, via un système de boutons connectés que peuvent activer les opérateurs, correspondant chacun à un type de problématique rencontré. L’analyse des informations recueillies permet de distinguer les problèmes les plus récurrents, de les chiffrer et de les mettre en œuvre des stratégies de résolution.
“Nous avons à notre actif près de 80 sites industriels équipés. Avec une solution frugale, nous contribuons à l’amélioration en continue de ces sites”, se félicite l’ancien ingénieur d’Airbus. De leurs côtés, la plateforme de MerciYanis pilote les prestations des agents de propreté et de sécurité des locaux et celle de Sensinov pilote et coordonne les fonctions de gestion technique des bâtiments, afin de réduire les coûts opérationnels.
Créée en 2016, Louis Design n’a pas hésité à se lancer à la conquête du marché très concurrentiel des meubles de bureau avec un concept de mobilier personnalisable, grâce à l’automatisation du processus de conception et de fabrication au sein de son propre atelier . La société emploie 18 salariés et livre ses produits éco-conçus et 100% recyclables dans toute la France. Beaucoup plus jeune, Tilt, créé en toute fin d’année 2021, propose une solution d’optimisation de l’autoconsommation d’électricité produite à partir de panneaux photovoltaïques chez les particuliers et les entreprises.
Accélérer tout en restant frugal
“On peut parfaitement accélérer tout en restant frugal”, confie par ailleurs Pierre-Olivier Bessol, co-fondateur et directeur général d’Ubigreen. Créée en 2012 et spécialisée dans la performance énergétique des bâtiments et l’optimisation de la gestion de l’espace dans les complexes tertiaires, la société, qui compte parmi ses clients, le groupe BNP Paribas et la Société Générale, emploie actuellement une cinquantaine de salariés, avec des bureaux à Paris et Aubagne, près de Marseille.
“Nous sommes développés sur des fonds propres et nous devons franchir le cap des 5 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022”, souligne le dirigeant, par ailleurs vice-président de l’IoT Valley. Ubigreen prévoit de continuer sur sa prise en compte avec de nouveaux projets à l’international. Déjà présente dans une quinzaine de pays via les parcs immobiliers de nos clients, la société prévoit la création d’une première filiale en Angleterre dès 2023.
De l’IoT Valley à la Data Valley
Pour l’IoT Valley, 2023 devrait aussi être une année d’accélération. Après un peu plus de deux ans de chantier, l’ensemble de l’écosystème, soit pas loin de 630 personnes réparties entre les start-up en pré-incubation, en incubation ou en accélération et les équipes sur site de partenaires, devrait déménager , toujours à Labège, dans un complexe immobilier de plus de 20 000 m2, baptisé Data Valley. Un projet à 42 millions d’euros, porté par les collectivités, via l’ARAC Occitanie (Agence régionale d’aménagement et de construction), dont l’ambition est d’accueillir de nouveaux acteurs du traitement de la donnée.