Une pépite française de l’électronique doit passer sous giron américain. Exxelia, spécialisée dans les composants électroniques de haute technologie, a annoncé fin août 2022 rejoindre le groupe américain Heico Corporation via sa filiale Electronic Technologies Group (ETG). “La transaction sera réalisée avec IK Partners, actionnaire majoritaire d’Exxelia depuis 2015, et devrait intervenir avant la fin du premier trimestre 2023”, est-il simplement précisé dans le communiqué. Un changement de propriétaire qui fait grinder des dents.
160 millions d’euros de chiffre d’affaires
Le groupe Exxelia est né en 2009 de la fusion de cinq sociétés historiques aux activités et savoir-faire complémentaires : Eurofarad, Firadec, Sic Safco, Microspire et Astema. Aujourd’hui, il a conçu et fabriqué des composants électroniques de haute technologie pour les marchés industriels comme l’aéronautique, le spatial, la défense, le médical et le ferroviaire. L’entreprise contribue à de nombreux programmes de haute valeur ajoutée comme l’Aribus A350, le Boeing Dreamliner, Ariane 6, le Rafale et le F-35, etc. et les IRM.
Exxelia dispose de 6 sites industriels en France et d’une présence industrielle aux Etats-Unis, au Maroc et au Vietnam et en Inde. Forte de ses 2100 salariés à travers le monde, l’entreprise assure vendre ses produits plus de 30 pays. L’entreprise française est considérée comme un giron essentiel de nombreuses industries. Son chiffre d’affaires qui s’élève à 160 millions d’euros montre un carnet de commandes bien rempli.
Une sénatrice s’interroge
Alors que la souveraineté est largement évoquée par le gouvernement comme étant un sujet essentiel que ce soit au niveau industriel ou numérique, le passage sous pavillon américain de la pépite française interrogée. Mais il convient toutefois de préciser qu’Exxelia est actuellement sous pavillon britannique depuis 2015 et l’arrivée d’IK Partners à son capital.
“Si Heico n’est pas présent sur les marchés d’Exxelia, il convient pourtant de s’interroger sur l’intérêt de notre pays à voir passer ce groupe de pointe stratégique sous le pavillon d’une société américaine, sachant que les États -Unis d’Amérique prétendront désormais la soumettre au moins partiellement à leur législation, ce qui implique un pouvoir de contrôle sur l’utilisation des matériels, y compris en déploiement militaire comme pour le Rafale”, s’inquiète la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann dans une question transmise au ministre de l’Economie et des Finances.
Un veto de l’Etat ?
Le rachat par Heico doit donner lieu à un examen approfondi au titre des investissements étrangers en France, selon la sénatrice qui se demande si cela est bien fait. Une prise de position qui n’est pas sans rappeler le feuilleton autour de Photonis. L’État a refusé que l’entreprise qui développe des équipements militaires de vision nocturne passe sous pavillon américain en 2020. Des tractations qui ont finalement conduit à ce que le Français HLD investisse dans la pépite tricolore à une valorisation moindre que ce qui a été proposé initialement par l’entreprise américaine.
Dans le cadre d’Exxelia, le délégué général pour l’armement Emmanuel Chiva a déclaré à l’occasion d’une audition parlementaire que les offres françaises n’étaient pas à la hauteur, comme le rapport un confrère de Challenges sur Twitter. Il est assuré que les négociations sont toujours en cours et que le groupe américain Heico est favorablement connu du ministère des Armées. Il ne reste plus qu’à voir si des acteurs français sont prêts à investir suffisamment dans Exxelio ou non. Si personne ne peut s’aligner sur Heico, il est probable que la transaction soit conclue avant la fin du premier trimestre 2023.