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Du low-code au métavers : les projections du Cigref

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Du low-code au métavers : les projections du Cigref

Défi climatique, contexte géopolitique, pénurie de compétences… Comment le Cigref intègre-t-il ces paramètres dans ses conseils aux directions numériques ?

Le low-code, solution à la pénurie de compétences numériques ? Le Cigref en fait une piste parmi d’autres dans son rapport d’orientation stratégique 2022.

La gestion de cette pénurie fait partie des dix « messages-clés » que le communiqué de l’association. Ils font l’objet d’une section dédiée. Laquelle constitue la principale évolution structurelle par rapport à l’édition 2021.

Cette dernière avait quant à elle introduit quatre scénarios de futurs possibles et archétypaux (voir notre article d’alors, anglé cybersécurité). Ils fournissent compléter la veille prospective amorcée en 2020 sur la base de cinq « champs de transformation ». C’est-à-dire des domaines identifiés comme sujets à des évolutions majeures. En l’occurence :

– Enjeux technologiques et nouveaux usages
– Numérique et environnement
– Risques cyber et enjeux géopolitiques
– Fournisseurs de services numériques
– Nouvelles formes de travail

Qu’il s’agisse de ces « champs de transformation » ou des « futurs possibles », tous restent d’actualité dans le rapport 2022, moyennant ajustements.

En fonction des scénarios, la question du vivier de compétences est plus ou moins prégnante. Elle l’est, en particulier, dans une trajectoire où l’UE serait affaiblie. Les entreprises seraient alors « particulièrement incitées à développer leurs activités dans les zones géographiques différentes, pour maintenir leur place dans l’économie mondiale ». Et se heurteraient à la mondialisation de la « guerre des talents ».

Le Cigref évoque un autre contributeur au phénomène de pénurie : la désaffection des femmes pour les métiers techniques du numérique. Elles représentent « 15 % à peine » des effectifs, « tant dans l’industrie du numérique que dans les [DSI] ». Sans action significative, la situation devrait se détériorer dans les années à, affirme l’association : les femmes représentent « tout juste 10 % » des étudiantes des filières de formation à ces métiers.

Autre facteur d’aggravation potentielle mentionné dans le rapport : l’abandon progressif de l’apprentissage des mathématiques chez les plus jeunes.

Métavers : sobriété impossible ?

Pénurie, il y en a aussi actuellement sur des composants critiques, en parallèle de tensions sur les matières premières. Le Cigref donne l’exemple de l’industrie du néon adapté, dont l’industrie des semi-conducteurs est très dépendante et qui vient principalement d’Ukraine. Avec, en toile de fond, les crises environnementales et énergétiques, se pose une question : comment vont se développer les « méga-projets » du numérique qui touchent à l’IA, aux métavers ou à l’informatique quantique ?

Le métavers revient à de nombreuses reprises au fil du rapport. Le Cigref y voit l’une des « grandes ruptures conceptuelles envisageables dans les 10 prochaines années ». L’association s’accorde, dans sa réflexion, une grande partie au projet « unificateur » de Meta, autant sur le plan éthique qu’industriel ou social. Il en souligne aussi, par la voix de Jean-Gabriel Ganascia, le coût énergétique possiblement prohibitif.

Dans un contexte de conflit d’usage de la production électrique, il sera sans doute nécessaire de concevoir des arbitrages en fonction de critères d’utilité sociale des services numériques futurs, tels que les métavers.

Le projet tel qu’envisagé soulève aussi un risque de dépendance numérique ; ici, à Meta. Mais le Cigref aborde le problème de manière plus générale. Il rappelle notamment les inquiétudes de la BRI (« banque des banques centrales »). Celle-ci a récemment déploré la dépendance croissante des institutions financières vis-à-vis des CSP. Et les risques qui vont avec : accès à leurs données, bannissement brutal de services en cas de crise géopolitique, modification substantielle des modèles d’affaires des fournisseurs, etc.

La migration dans le nuage est surtout perçue par le prisme de la réduction des coûts. […] La réallocation des budgets vers la modernisation du SI n’a pas encore eu lieu […]. Les entreprises courent donc le risque de laisser s’ancrer, voire s’aggraver, les relations de dépendance aux gros fournisseurs étrangers

L’occasion, pour le Cigref, de reparler d’une initiative dont il est partie prenante : Gaia-X. « Malgré la presse négative […], ce projet constitue aujourd’hui la seule opportunité pour répondre aux besoins des utilisateurs et des producteurs de données pour stocker, partager et valoriser leurs données grâce à des outils d’IA, de calcul et d’analyse dans un espace sécurisé et de confiance . »

L’Europe plus avancée sur l’IA que sur la cyber ?

Les outils d’IA sont effectivement porteurs d’espoir pour valoriser les données : optimisation des flux de production, des transports, de l’empreinte carbone… Mais là encore se pose la question de l’efficacité énergétique, en particulier avec l’approche apprentissage automatique.

À ce sujet, le Cigref perçoit un levier dans la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive). Elle apporte des indicateurs communs au niveau de l’UE pour évaluer le coût environnemental du SI d’entreprise. Et oblige ces dernières à fournir des informations sur l’impact de leurs activités. L’opportunité de mieux évaluer le ratio bénéfices-risques de telle ou telle stratégie de développement technologique.

Les perspectives au niveau européen ne sont pas aussi favorables en matière de sécurité numérique. « Les investissements manquent pour arriver à formuler une politique concertée […] au-delà de la directive NIS 2 », regrette le Cigref. D’où un de ses messages-clés : en attendant les normes, préparez-vous à réinventer vos systèmes de gestion des risques. D’autant plus si les assurances traditionnelles ne sont pas proposées à proposer « une offre plus holistique et systémique ».

Photo d’illustration © tout est possible – Shutterstock