Que les entreprises de la Tech s’adaptent aux nouvelles conditions de marché – inflation, hausse des taux d’intérêt, recul de la croissance, chute des valorisations – est quelque chose de normal. La précipitation que l’on observe chez certaines d’entre elles, en revanche, interroge sur leur pilotage.
Coinbase, une bourse de cryptomonnaies américaine cotée au Nasdaq, a informé le 2 juin ses employés et le public qu’elle allait suspendre l’ensemble de ses recrutements : pas seulement les créations de postes, mais aussi les remplacements et même les promesses d’ embauches déjà signées.
des multipliés par 3 en un an
Coinbase employait près de 5000 personnes fin mars, contre 3700 fin 2021 et 1700 un an plus tôt. Il y a deux semaines, la troisième plus grosse plateforme d’échange de cryptomonnaies mondiale avait indiqué qu’elle allait accélérer la croissance de ses effectifs par rapport à ses plans initiaux, qui consistaient à tripler le nombre de ses collaborateurs.
Jusque-là, rien que de très étant normal donné la chute de 80% du cours de l’action par rapport à sa valeur d’introduction en avril 2021, et la perte de 430 millions de dollars enregistrée au premier trimestre 2022, dans un contexte de déclin des volumes d’échanges et de krach des cryptomonnaies. Par ailleurs, le secteur de la Tech aurait détruit 15 000 emplois en mai selon TechCrunch.
“Il est devenu évident que nous devons prendre des mesures plus pour ralentir la croissance de nos effectifs. Nous adapter rapidement et agir dès maintenant nous permet de maintenir le cap dans cette conjoncture économique et à émerger encore plus forts”déclare le DRH de l’entreprise dans son mémo du 2 juin.
pilotage à vue
Les nouvelles mesures ne souffrentont que quelques exceptions, que ce soit pour les remplacements ou les contrats signés de recrutements qui n’ont pas encore commencé à travailler pour l’entreprise. Coinbase précise qu’elle s’appliquera “politique généreuse d’indemnités de départ” à ses ex-futurs salariés. Par le passé, Coinbase a accordé quatre mois de salaire et six mois d’assurance santé à des employés candidats au départ volontaire.
Entre “s’adapter rapidement” et revenir sur des contrats déjà signés avec des candidats, il y a de la marge en termes d’anticipation. Surtout en considérant que les durées de préavis sont généralement moins longues aux États-Unis qu’en France, par exemple, ce qui veut dire que le changement d’orientation de l’entreprise se compte en semaines. A croire que la gouvernance de l’échange est à l’image des cryptomonnaies : ultra volatile.