Le diabète touche près de 4 millions de personnes en France, d’après les chiffres de l’Assurance maladie. Cette pathologie chronique est caractérisée par la présence d’un excès de sucre dans le sang, appelé hyperglycémie. Le diabète de type 1 est dû à une absence de sécrétion d’insuline par le pancréas tandis que le type 2 est dû à une mauvaise utilisation de l’insuline par les cellules de l’organisme.
Le traitement repose sur l’équilibre alimentaire, l’activité physique régulière et des traitements médicamenteux, en particulier l’insuline. Pour accompagner les patients touchés, Roche Diabetes Care – filiale du groupe pharmaceutique suisse Roche – a développé de nombreux outils numériques autour de la production et la valorisation de données médicales.
“Une pathologie de données”
“Le diabète est une pathologie de données“, résume Valérie Armani, directrice de l’innovation au sein de Roche Diabetes Care, interrogée par L’Usine Digitale. “Il faut compter les glucides, effectuer des calculs pour connaître son taux d’insuline et sa glycémie [taux de sucre dans le sang, ndlr]”, ajoute-t-elle.
Tout d’abord, le numérique va servir à accompagner le diagnostic de la maladie. A ce sujet, Roche Diabetes Care a développé l’application “Phil” dédiée aux patients de type 2 dont l’objectif est de les aider à rééquilibrer leur alimentation grâce à des recettes de cuisine personnalisées. Elle inclut également un outil de scan de nourriture, dont l’algorithme a été développé par l’entreprise Innit, à la manière de “Yuka”. Lancée en novembre 2021, elle comptabilise aujourd’hui 60 000 téléchargements.
Pour compléter Phil, l’entreprise travaille désormais sur des fonctionnalités autour de l’activité physique via des programmes à suivre. A ce titre, elle cherche des partenariats fournisseurs d’objets connectés, tels qu’une balance, un compteur de pas, un tensiomètre… “Qui dit programmes dit indicateurs de réussite dit objectifs et donc éléments de succès“, note Valérie Armani.
Faciliter l’autosurveillance grâce à une application mobile
Roche Diabetes Care souhaite également faciliter l’autosurveillance glycémique des patients. Pour ce faire, il a développé Accu-chek Sugar View, en cours de pilotage avec 25 pharmaciens et une cinquantaine de patients en France. Il permet aux personnes atteintes de diabète de type 2 et présentant un état pré-diabétique de tester ponctuellement leur taux de sucre dans le sang en photographe une bandelette. Les résultats sont analysés par une application mobile dédiée. “Accu-chek Sugar View permet de se délivrer avec la mesure du taux de sucre dans le sang“, indique la directrice innovation.
Les patients n’étant pas tous à l’aise avec les applications mobiles. Roche a également testé “InsulinStart” : un système reposant sur des échanges de SMS avec les professionnels de santé. Ce pilote intègre une vingtaine de médecins (généralistes et diabétologues) et une cinquantaine de patients. Ces derniers reçoivent un SMS tous les matins pour mesurer leur taux de glycémie. Le résultat est envoyé par SMS. Le professionnel de santé lui indique ensuite le taux d’insuline à s’injecter.
Suivre à distance les patients
Roche possède également une plateforme de télésurveillance, baptisée Roche Diabetes Care Platform. Les données sont nécessaires par le biais des lecteurs de glycémie connectés à l’application Gluci-Chek, un outil de calcul des glucides. Les médecins peuvent ainsi suivre leurs patients et adapter leurs traitements si nécessaire. Le télésuivi par Roche Diabetes Care Platform est éligible au programme ETAPES. A ce sujet, Valérie Armani rappelle que le remboursement télésurveillance médicale va rentrer dans le droit commun au plus tard le 1er juillet 2022. “Nous sommes donc en train de nous mettre en conformité avec les exigences de la Haute autorité de santé“, souligne-t-elle.
Le groupe pharmaceutique tisse également des partenariats, à l’image de celui signé avec Biocorp. Cette entreprise française commercialise un capuchon destiné à rendre les injecteurs à insuline (stylos) “connectés”. Il collecte automatiquement et en temps réel les doses d’insuline sélectionnées par le patient au cours de sa journée. Via Roche Diabetes Care Platform, les professionnels de santé peuvent accéder à ces informations.
La future innovation : le pancréas artificiel
“Nous sommes toujours en train de regarder quel dispositif pourrait venir enrichir notre propre écosystème“, explique Valérie Armani. Quand la technologie n’a pas été développée en interne, pour gagner du temps, Roche cherche des partenaires. C’est cette stratégie que la filiale compte mettre en place avec le pancréas artificiel, la future grande innovation de traitement du diabète. Associé à un capteur de glucose en continu et une pompe à insuline, il fonctionne en boucle fermée et automatise et personnalise la délivrance d’insuline grâce à un système d’apprentissage automatique auto-apprenant.”Evidemment, nous férons des partenariats avec les entreprises à l’origine de ces algorithmes“, confie Valérie Armani.