Orange a présenté ce 16 février son plan stratégique 2023-2025 baptisé “Lead the future”. Il s’oriente vers la valorisation de ses infrastructures, un “repositionnement complet” de ses activités Entreprise, une accélération dans la cybersécurité, la poursuite des opérations de consolidation et de partenariats en Europe, et un focus sur la zone Afrique et Moyen-Orient où le groupe vise une croissance moyenne de 7% par an et veut faire d ‘Orange Money une plateforme de services.
Le groupe entend également poursuivre son plan d’économies, après avoir dépassé les objectifs d’économies nettes de 600 millions d’euros de son précédent plan 2019-2022. Elles se sont élevées à plus de 700 millions d’euros. D’ici 2025, Orange se fixe pour objectif d’économiser 600 millions d’euros supplémentaires.
Des résultats financiers solides mais pas en France
En France, les revenus des services de détail (B2C et B2B) ont diminué de 1,2% en 2022 grâce à l’ajout de 1,3 millions d’abonnés aux réseaux fibre (qui porte le parc à 7,2 millions de clients ) et 581 000 abonnés mobiles, ce qui est la meilleure performance depuis 2017.
Les bénéfices nets consolidés du groupe se sont élevés à 2,62 milliards d’euros en 2022, contre 778 millions en 2021. Le résultat d’exploitation a été multiplié par 1,9 à 4,8 milliards. Le chiffre d’affaires ressort à 43,5 milliards d’euros, en croissance de 2,2%. En France, il recule de 0,6% à cause du déclin des activités de gros. La dynamique est plutôt portée par l’Afrique et le Moyen-Orient, (+6,4%), et par l’Europe avec de bons résultats en Espagne, Pologne et Belgique.
Orange Business Services : un repositionnement pour retrouver la rentabilité
Les revenus de la branche entreprises sont en croissance de 0,2%, mais son Ebitdaal recule de 18,8% en base comparable. Le repositionnement de sa filiale de services aux entreprises Orange Business Services est donc structurant pour le nouveau plan stratégique. Il passe par un changement de nom – OBS devient Orange Business – qui “symbolise la simplification que nous voulons atteindre”a déclaré la DG d’Orange Business Aliette Mousnier-Lompré.
Orange Business veut sortir de son statut “hybride” entre télécoms et ESN, et rationaliser son portefeuille d’activités en se plaçant dans une position “d’orchestrateur des infrastructures numériques globales des entreprises”. Plus prosaïquement, OB souhaite “devenir la référence européenne des intégrateurs”et pour cela doit “adopter un plan d’action énergétique”.
Après avoir modifié son organisation au 1euh janvier, il entend réduire ses frais généraux et ses coûts de production dans le cadre d’un “plan d’économie ambitieux” qu’il présentera aux partenaires sociaux mi-mars, en même temps que l’ensemble du plan de transformation, comprenant également un plan de formation de 5000 employés. L’objectif est de redevenir louable en 2025.
Les investissements seront dirigés vers les domaines prioritaires que sont le cloud, la connectivité et la cybersécurité. Sur la cybersécurité, Orange Cyberdéfense vise un chiffre d’affaires de 1,3 milliard d’euros d’ici 2025.
Réseaux et infrastructures télécoms : monétiser le cœur de métier
Le recentrage sur le cœur de métier a déjà été enclenché par la vente de la plateforme OCS et d’Orange Studio à Canal+. Orange a par ailleurs arrêté de commercialiser son service Maison connectée en janvier 2023. Récentré sur ses activités télécoms, la priorité est désormais de monétiser efficacement le réseau, maintenant que les investissements commencent à diminuer en Europe, la fibre étant déjà massivement déployée dans les grands paie. Le groupe a en effet atteint le pic de ses investissements en 2022 pour le réduire de 18% de son chiffre d’affaires à environ 15% à partir de 2023.
Pour cela, Orange va d’abord augmenter ses prix sur le marché de détail. “La pression inflationniste implique des hausses de prix continues et calibrées. En Europe, nous prévoyons de compenser 70% de l’inflation par des hausses de prix en 2023”a déclaré l’opérateur, qui s’est félicité que les augmentations de prix aient déjà participé aux bons résultats 2022.
Orange compte en outre sur une augmentation des tarifs de gros pour compenser la diminution plus rapide que prévu des recettes entraînées par le passage du cuivre à la fibre. C’est le sens du bras de fer qu’il s’est engagé avec l’Arcep sur les tarifs de dégroupage, dans l’objectif d’augmenter le tarif de dégroupage par ligne de 2 euros. D’ici 2025, le cuivre ne représentea plus que 30% de ses revenus de gros, ce qui implique une perte de 1 milliard d’euros de revenus d’ici 2025 et de 400 millions d’euros d’excédent brut d’exploitation après les loyers. En France, Orange a mentionné une “contribution négative de 300 millions” en 2022. Le passage à la fibre devrait cependant compenser ces pertes par des coûts de maintenance du réseau quatre fois moins élevés que ceux du cuivre.
Enfin, l’opérateur compte monétiser davantage son infrastructure de tours, détenue par sa filiale Totem, en louant ses pylônes à d’autres opérateurs. Totem, 5e acteur de ce marché en Europe, est par ailleurs “particulièrement bien placé pour participer à la consolidation du marché européen”, selon Orange.
Réduire la structure de coûts fixes
Après le succès plus important que prévu de son plan de temps partiel pour les seniors, qui a séduit 7600 salariés soit 10% de l’effectif en France en 2022 et pour lequel Orange a dû passer une provision de 360 millions d’euros supplémentaires, le groupe souhaite poursuivre sur sa poussée en anticipant une réduction annuelle de 3000 employés jusqu’en 2025.
“Le pilotage par la réduction des coûts est un échec. Il obère toute perspective de croissance”, critique la CFE-CGC d’Orange dans un communiqué. Dans ses résultats, Orange souligne de son côté que les efforts de réduction de coûts en France ont progressé à la hausse de la rentabilité, qui s’est élevée à +0,4 % en 2022. Les départs naturels et le temps partiel senior représentent un tiers des économies réalisées par Orange, dont la France est le premier contributeur, a précisé sa DG Christel Heydemann.
Rien d’acte pour Orange Bank
L’avenir d’Orange Bank, dont le résultat d’exploitation s’est amélioré de 13 millions d’euros en 2022 grâce à la croissance du crédit à la consommation, mais qui est toujours en pertes, n’a pas été évoqué. Christel Heydemann a assuré que le groupe n’avait “pas encore pris de décision” et “étudiait les modèles de partenariat” pour sa filiale, qui s’intéresserait à Société Générale, Crédit Agricole, BNP Paribas et le fonds américain Cerberus, selon Les Échos. L’objectif d’Orange Bank pour l’instant est de “passer le cash flow en positif en 2025-2026”.
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Cet article a été mis à jour le 2023-02-16 14:24:00