Au-delà du prototypage dans l’industrie, la fabrication additive peut faciliter la création de complexes semi-conducteurs. C’est le concept d’Hummink. La start-up, qui a annoncé ce mercredi 9 novembre 2022 lever 5 millions d’euros, souhaite “apporter son savoir-faire sur le dépôt de métaux et la formulation des encres” au secteur de l’électronique comme le décrit son cofondateur et COO Pascal Boncenne.
L’impression repose sur la capillarité
La start-up a été fondée en 2020 par Pascal Boncenne et Amin M’Barki. Elle a mis au point une technologie qui peut être décrite comme “le plus petit stylo plume du monde”, selon Pascal Boncenne. L’imprimante 3D permet de dessiner des motifs avec des matériaux métalliques dans le domaine de l’électronique. Une technologie issue d’un laboratoire de physique de l’Ecole Normale Supérieure de Paris.
Pour réaliser le dépôt, la machine repose sur les phénomènes de la capillarité. “Une goutte pendante au bout d’un petit capillaire de verreexplique Pascal Boncenne. Lorsqu’elle entre en contact avec un objet, la goutte vient se déposer par capillarité.” A l’inverse, les systèmes de fabrication additive qui reposent sur les technologies à injection ou à spray demandent énormément de puissance pour extruder une petite goutte, ce qui n’est pas un problème avec la technique de la capillarité.
La machine permet de “déposer une quantité précise de matériaux à un endroit”, ajoute le cofondateur. A la clé, Hummink promet une réduction des coûts grâce à une baisse de la consommation d’énergie et de l’usage des matériaux, ainsi qu’une augmentation de la vitesse de production. Concrètement, Hummink vient concurrencer la technique de la lithographie pour la fabrication des semi-conducteurs.
Hummink assure avoir mis au point le plus petit stylo plume du monde.
Mais la start-up n’a pas vocation à éradiquer toute la lithographie. Elle vise les composants les plus complexes et à haute valeur ajoutée. Par exemple, le CNES a utilisé cette technologie pour l’électronique embarquée dans le matériel volant. Ce marché de niche n’est qu’un exemple. Hummink vise plus globalement les circuits intégrés tridimensionnels (du 3D packaging) et la technologie du “redistribution layer” (le fait d’ajouter une couche métallique supplémentaire) qui sont des marchés de masse.
Nazca, la première imprimante
La deep tech a réalisé une première levée de 700 000 euros en 2020 afin d’identifier les marchés les plus porteurs, nouer des partenariats et établir le premier produit commercial. Des objectifs atteints puisqu’elle réalise cette seconde levée, auprès de Sensinnovat, Elaia Partners, PSL, Beeyond et Bpifrance. La start-up a ainsi mis au point sa “première machine qui a pour vocation de démocratiser la technologie” de l’impression 3D, comme l’explique Pascal Boncenne. Baptisée Nazca, celle-ci est destinée principalement aux laboratoires de recherche.
L’outil s’inscrit dans un contexte de cours aux composants électroniques les plus petits et les plus complexes possibles. Cette imprimante 3D est un avantage pour les acteurs industriels et académiques qui peuvent avoir du mal à assembler et interconnecter les composants. Hummink pouvoir explique “tracer des interconnexions entre les puces électroniques avec une méthode simple et plus accessible que les standards existants”résume Pascal Boncenne.
Hummink et la production de masse
“L’écueil de la fabrication additive est d’être cantonnée au prototype”, souffle le cofondateur. Un écueil que la jeune pousse souhaite évidemment éviter en mettant en avant les atouts de son imprimante pour la production de masse. Cette levée de fonds vise à émettre commercialement son premier produit. Hummink assure avoir conçu une machine qui répond à 90% des besoins sur le marché de l’électronique et des semi-conducteurs, puisqu’elle est suffisamment polyvalente pour adresser différents cas d’usages en changeant simplement de pipette. Cette pipette est la variable principale puisque cela correspond à la taille de la pointe et détermine la largeur du trait qui peut être réalisé (entre 100 nanomètres et 50 microns). La jeune pousse a également formulé et développé les encres adaptées à ses besoins.
Côté industrialisation, elle explique vouloir commercialiser sa solution sous forme de licences notamment auprès des équipementiers, qui pourraient rajouter ce module de fabrication dans les usines. Elle assure qu’un grand industriel japonais s’intéresse de très près à sa machine et que de premières collaborations avec des industriels seront rapidement annoncées. Le coût de cette imprimante ? Plusieurs centaines de milliers d’euros. Hummink souhaite vendre une dizaine de machines par an.
Tout en cherchant à commercialiser rapidement sa solution, la pépite poursuit ses efforts de R&D. Elle planche par exemple sur une matrice de stylos. L’objectif ici est de “démontrer qu’une telle utilisation est faisable, clame le cofondateur, afin d’augmenter la vitesse de production ou de réaliser des dépôts avec des matériaux différents en même temps.” En attendant, sa première imprimante sera installée à l’université Paris Cité qui fait partie de l’association française de l’électronique imprimée.
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